vendredi 26 octobre 2012

Mission Lipez : Réussie !

Le Lipez : Qu'est ce que c'est ?

Constitué du nord-Lipez et du sud-Lipez, c'est la région la plus haut sud de la Bolivie. Pas de route, juste de la piste, très peu de village, du relief, du sable, beaucoup de vent, ET des paysage irréels, magnifiques, magiques, sensationnels, composés de désert, volcans, lagunes, et autres montagnes. Bref une des parties les plus jolie de Bolivie mais des plus dur aussi !
Parti d'Uyuni le lundi 15, il nous a fallu 9 jours pour en venir à bout. Etant prévenus du peu de village sur la route, nous avons fait le plein de nourriture avant de partir...
3kg de pates, 2kg de riz, 1,5kg de carottes, patates,
lentilles, fruits, céréales, pains, gateaux, etc, etc, etc, ...
Au total, une quinzaine de kilos de nourriture + 15 litres d'eau que nous remplissions quotidiennement. Autant dire que le poids des vélos était important au départ. Nous roulons les premiers 50 km sur une piste en bon état, un pick-up s’arrête à coté et nous propose de nous emmener jusqu'au village suivant, 50 km plus loin. Aussitôt proposé, aussitôt chargés, nous voilà en fin de journée dans le village de San Cristobal qui devait être notre seconde étape !
On visite la "Valle de las Rocas", grande formation rocheuse naturelle où on s'amuse à grimper...


2 jours plus tard, commence la piste sableuse, nous poussons sur des portions de quelques dizaines de mètres. Pour le moment rien de méchant ! Puis arrive la première difficulté  une grimpette de 15 km avec des pierres un peu partout. Difficile de circuler. Nous croisons beaucoup de 4x4 de touristes visitant le Lipez en tour organisé. Certains nous font des signes d'encouragements, certains s’arrêtent  c'est le cas de Laure et Manu, couple de Français avec qui on discute un moment et qui nous offre un paquet de cookies que nous apprécierons grandement pour notre pause du midi.
Plus loin, c'est un camping-car, encore de Français, qui nous double. Il s’arrête et nous discutons encore un bon moment avec ce couple et leur 3 enfants (de 6 à 13 ans) en voyage depuis 15 mois et venant du Canada.
Nous repartons pour quelques kilomètres jusqu'à un ruisseau où, exténués par la montée, les pierres et le vent qui s'est levé, nous plantons la tente. Nous en profiterons pour faire un brin de toilette dans cette eau...glaciale !

Au réveil...
Le lendemain, le 20, nous finissons cette cote et nous atteignons le salar de Capina et la "ville" d'entreprise de Capina. Ici, il y a une cantine pour les employés qui exploitent le salar (pour en faire de l'acide borique), nous demandons si nous pouvons manger. Pas de soucis, il reste 2 repas (pâtes, tomate et viande de lama).
C'est comme quand j'étais petite à l'école !
L'après-midi sera difficile car une grande ligne droite, avec un vent de face à dépoiler  les vigognes et surtout pas d'endroits pour mettre la tente à l'abri ! On avance donc à 5 km/h sur du plat avec ce vent quand finalement, on s’arrête derrière un tas de terre où nous construirons un mur en pierre.
Si nous avions poussé quelques kilomètres plus loin, nous aurions pu dormir au bord de la laguna Colorada...

  
Une des plus belle lagune du sud Lipez, entourée de volcans, elle est d'une couleur rouge due aux algues microscopiques qu'elle renferme. Sa couleur varie en fonction du soleil car les algues réagissent à la lumière. Sans oublier la multitude de flamants roses qui habite les lieux puisqu'ils se nourrissent de ces algues... Magnifique !

Sur la route, nous nous sommes fait un ami. Un jeune chien, rencontré au poste de contrôle, et avec qui nous avons joué, il nous a suivi le long de la lagune pendant 7 km ! Nous avons été obligé de demander à un 4x4 venant en sens inverse de le prendre et le ramener au poste. Vraiment sympa, pour une fois qu'il n'essayait pas de nous mordre !
Notre ami adoptif
Nous dormirons dans un canyon, à l'abri de ce vent toujours aussi fort tout les après-midi. Après une bonne nuit dans le sable, nous attaquerons une montée de 20 km qui une fois au sommet (4930 m) nous fera découvrir les geysers "Sol de Manana". Une preuve de l'activité volcanique intense de cette région, les fumerolles (200°C) s'échappant avec pression du sous sol et la boue qui donne l'impression de bouillir dans une casserole géante...
Sans oublier la récompense de fin de journée, des eaux thermales à 37°C, dans un cadre à couper le souffle : Salar de Chalviri, sa lagune bleue turquoise et ses flamants roses...
Nous passerons 3h dans l'eau (37°C à l’intérieur  0°C à l’extérieur) , en compagnie de 2 motards Américains et de 4 Boliviens travaillant au restaurant à coté. Ce resto accueille les touristes le matin pour le petit dej et pour qu'ils profitent des eaux chaudes (sauf que eux sont une vingtaine à se baigner en même temps et n'ont que 30 min!).
On nous autorisera à dormir dans la salle du resto, avec une souris, le parquet tout juste ciré au diesel, la tête de lama (et ses pattes) étendue dans la cuisine, etc. Mais après une bonne nuit, un réveil matinal (6h00, les tours arrivant à 6h30) et un bon petit dej, nous traversons le désert de Dali : 10 km de plat très sableux avec un vent de face intense qui nous oblige à pousser les vélos puis 15 km de montée toujours aussi difficile dont nous mettrons 3h à en venir à bout.
Cependant, un magnifique panel de couleur de sable et de pierre s'offre à nous, le volcan Nelly est parsemé de rouge, jaune, marron, gris, etc. Le guide du routard dit :" plus besoin d'aller sur Jupiter pour faire son odyssée de l'espace"...Autant vous dire que malgré la difficulté, on en a pris plein les yeux. (Dali est un peintre Espagnol du 20ème siècle, le désert porte son nom en son hommage).
Volcan Nelly.

Après avoir gravi le col (4730 m) et dévaler la descente, la laguna Blanca et le volcan Licancabur s'offrent à nous. Les 2 motards nous avaient parlé d'eaux thermales abandonnées à coté de celle-ci. On les trouve rapidement et plantons notre tente à 50 cm des thermes...
La nuit fut venteuse, mais nous repartons de bonne heure afin d'admirer la laguna Verde à quelques centaines de mètres d'ici. Il y a 1 an et demi, nous regardions les photos de cette lagune sur internet, nous "bavions" devant sa couleur turquoise avec en fond le gigantesque volcan Licancabur... Nous y voila, le rêve se réalise après ces 10 jours usant ! Malheureusement, la couleur de la laguna Verde dépend des vents, ce jour la, celui-ci soufflant très fort, nous n'aurons pas le droit à sa couleur turquoise mais cela reste magique et annonce surtout la fin du sud-Lipez.


La laguna Verde et le volcan Licancabur


La laguna Blanca

















Nous roulerons le long de la laguna Blanca, avant de gravir une dernière difficulté et de passer la frontière Bolivie/Chili. Nous mangerons à l'abri du vent, dans le poste de migration Bolivienne. Très accueillant, ils nous prêterons leur cuisine, leur table et nous offrirons même un grand bol de soupe de pâtes  pommes de terre, carotte et viande de lama.
Ensuite, nous retrouverons l'asphalte (après plus de 1300 km de piste depuis La Paz). Un vrai bonheur surtout que les 30 derniers km seront de la descente, vers la ville Chilienne de San Pedro de Atacama.
Nous y sommes actuellement en camping, la vie au Chili est très différente, on vous expliquera tout ça dans un prochain article, quand nous aurons atteint la côte Chilienne et la ville d'Antofagasta...
Tchao tchao !!! 

mardi 16 octobre 2012

Potosi - Sucre

La semaine du 8 au 14 octobre, nous sommes allés visiter, en bus, les villes de Potosi et de Sucre (prononcez Soucré). 

La ville de Potosi est une cité coloniale classée au patrimoine mondial de l’UNESCO (située à 4090 m d’altitude et avec 145 000 habitants, c’est la ville de plus de 100 000 hab la plus haute du monde). La ville s’est développée à partir de 1545 (époque coloniale) lorsqu’un indien de l’Altiplano révéla à un conquistador Espagnol l’existence du Sumac Orcko (en quechua : la plus belle montagne). Et cette montagne, que les Espagnols nommèrent plus tard le « Cerro Rico » (montagne riche), fut une des mines d’argent les plus fabuleuse de tous les temps (il y aurait eu tellement d’argent extrait qu’une route à 2 voies jusqu’à Madrid aurait pu être pavée d’argent ! L’équivalent de 50 milliards de dollars !). 

Le "Cerro rico" - Potosi
Cette cité fut donc au cœur de l’enrichissement de l’Espagne coloniale, à tel point que le roi Charles Quint (roi d’Espagne en 1550) éleva la ville de Potosi au rang de ville impériale (la seule d’Amérique Latine) et lui donna pour devise : « Je suis la riche Potosi, le trésor du monde, la reine des montagnes et la convoitise des rois ». 

Cependant, nous ne parlons ici que des « bons » cotés mais à l’époque (et encore aujourd’hui !) les conditions de travail des mineurs étaient épouvantable. On parlait à l’époque de la « mita » (travail forcé et gratuit, autrement dit l’esclavage). 6 millions de personnes (indiens Aymaras, Quechuas et Africains) sont mort dans cette mine ! Un vrai génocide. Tous les ans des dizaines de milliers de mineurs mourraient d’épuisement, d’empoisonnement par le mercure qui servait au traitement de l’argent, ou encore par les maladies que les conquistadors ont ramené avec eux. Cela a duré 3 siècles. Au début du 19ème siècle, les filons d’argent se sont épuisés. 

Préparation de la dynamite...

Mineurs poussant un wagon de 1.5 tonne
ça ne passe pas !!
 














Il en reste encore puisque aujourd’hui, 15 000 mineurs travaillent dans les mines. Cependant le régime de travail n’est plus le même. Pour faire simple, les mineurs sont organisés en coopérative et travaillent pour eux. Le rendement étant très faible, ils s’exploitent eux même. De plus, pas de couverture sociale, ils doivent payer eux même le carbure de calcium pour faire fonctionner leur lampe et la dynamite pour faire sauter les veines de minerai. Sans parler des conditions de travail qui sont toujours aussi dur et dangereuse. Leur espérance de vie est de 45 ans ! Beaucoup meurent de silicose ou d’accident dûs aux explosions. Ainsi, les mineurs font des offrandes (alcool, cigarettes, feuilles de coca) à un dieu : El Tio qui est leur protecteur. 

Nous avons donc été visiter ces mines, enfin, une mine puisque il y a plus de 120 entrées. Celle dans laquelle nous sommes rentrés date de la colonisation. 


Notre mine s'appele Rosario, date de 1936, et est à 4303m d'alt













Chaque mine porte un nom, dans chaque mine, plusieurs centaines de galeries partent à droite ou à gauche et il peut y avoir jusqu’à 17 niveaux (soit 450 m de profondeur). Nous progressons parfois accroupis puisque seul le passage pour un wagon est nécessaire. Par moments, les étais sont effondrés. Nous verrons des mineurs remplissant des sacs (fait en pneus) de minerais et les remontant à la surface grâce à un treuil, d’autres poussant un wagon de minerai (pesant de 1 à 2 tonnes), d’autres creusant. Nous aurons même droit à l’explosion de dynamite. 12 coups successifs qui font vibrer la roche dans un bruit assourdissant. Vraiment impressionnant. 


Avant de rentrer dans la mine, nous étions priés d’acheter quelque chose pour les mineurs (feuilles de coca, eau, dynamite, etc). Nous leur avons donc donné cela à l’intérieur. Il faut savoir que les mineurs ne consomment que des feuilles de coca pendant le travail (pas de nourriture), ils l’utilisent comme coupe faim. Bref, nous avons été impressionnés par cette visite, nous nous serions crus dans un film. Nous ne nous plaignerons pas de notre travail plus tard après avoir vu cela… Content de sortir après ces 2 heures sous terre. 

Pour en finir avec Potosi, nous avons aussi visité la « casa de la moneda » (maison de la monnaie). Ancien bâtiment où étaient frappées les pièces d’argent à l’époque coloniale. Ainsi, grande collection de monnaies, de machines servant à écraser les lingots d’argent, frapper les pièces, etc. Le tout soit en bois actionnée par les ânes, soit en métal à vapeur ou encore électriques suivant les époques. Nous verrons aussi une fonderie, une galerie exposant différents minéraux de toute la Bolivie, et une salle avec différents objets en argent (vases, ustensiles de cuisine, christ, miroir, etc). Pour info, aujourd’hui, les billets de 10 et de 50 Bolivianos sont imprimés à coté de Rennes. 

Nous prenons aussi le temps d'observer les gens et leur travail soit en s'asseyant sur la place centrale, soit en déambulant dans les allées des nombreux marchés.
Aiguiseur de couteaux

Qui veut un jus d'orange bien frais ?



















Nous nous sommes ensuite dirigés vers la vile de Sucre qui est la vraie capitale de Bolivie. En effet, dans un article précédent, nous avions dit que La Paz était la capitale, ce n’est pas tout à fait exact. Explication : Sucre est la capitale constitutionnelle du pays mais tout le pouvoir politique (parlement, palais présidentiel, ambassades, etc) se trouve à La Paz, ce qui fait que beaucoup considèrent La Paz comme capitale. Et la ville de Santa Cruz (à l’est) est la capitale économique… Bref… 

Sucre, classée à l’UNESCO, porte le nom du maréchal Sucre qui gagna la bataille d’Ayacucho contre les Espagnols lors de la libération de la Bolivie et du Pérou. Elle est aussi appelée la cité blanche en référence à ces nombreux bâtiments de cette couleur ou encore « ciudad de la plata » (ville de l’argent) car elle s’est développée grâce à l’argent de Potosi. 

Parc Bolivar


Jolie ville animée par ses nombreux étudiants, avec une place centrale parsemée d’arbres centenaires, des parcs dont un abritant une réplique miniature de la Tour Eiffel, nombreuses églises (l’art baroque s’est exprimé énormément dans cette ville) et bâtiments coloniaux. Beaucoup de musées aussi mais nous arrivons à saturation, notre choix s’est donc juste porté sur le musée expliquant l’histoire de la Bolivie, la lutte pour l’indépendance de Simon Bolivar (d’où le nom Bolivie), du maréchal Sucre ( d’où le nom de la capitale) et de la Jeanne d’arc Bolivienne, Dona Juana, qui dirigea un bataillon lors de la guerre d’indépendance. 

L’hôtel où nous étions, était rempli de gringos, du coup quelques rencontres sympas le temps de boire un verre. 
 
Nous sommes retournés le samedi 13, à Uyuni pour récupérer nos vélos et reprendre la route, enfin la piste, vers le Chili. Nous sommes partis le lundi 15 vers la région sud de la Bolivie. Cette région se nomme le sud-Lipez, ce devrait être une des parties les plus belles du voyage mais des plus durs aussi. En effet, 400 km de piste en autonomie quasi complète (sauf pour l’eau). Environ 10/12 jours avant de rejoindre San Pedro de Atacama au Chili. Donc pas de nouvelles avant plusieurs jours… 


PS : On nous a demandé quelle température nous avions eu les jours derniers... L'amplitude de température entre le jour et la nuit est assez importante. Dans la journée nous avions en moyenne entre 20 et 25°C et la nuit nous pensons être descendu jusqu'à -5°C. Ainsi, nous dormions avec les bouteilles d'eau dans la chambre car tout était gelé le matin. 

Autre info, le prix des bus est très bon marché ici en Bolivie, par exemple nous avons payé l'équivalent de 5€ le trajet Uyuni-Sucre, de 400 km. 

lundi 8 octobre 2012

Nous revoilà !

Après 18 jours passés sur l’Altiplano, à travers les montagnes, volcans et salars plus sublimes les uns que les autres, nous voici à Uyuni pour vous conter les dernières aventures…

Nous sommes partis de La Paz le mercredi 19 septembre, après 1 mois passé dans la « capitale constitutionnelle » du pays. Depuis plusieurs jours déjà, les mineurs manifestent contre la privatisation de leurs mines, du coup, beaucoup de monde casqués (mineurs et policiers) sont réunis sur la place principale de La Paz, belle agitation avant d’attaquer la sortie de ville par 12 km de montée. Arrivée en haut, l’agitation est toujours présente mais cette fois à cause du trafic routier très dense. Voitures, camions, combis, se dépassent et se rabattent n’importe où et n’importe comment. Il nous faut slalomer à travers cette cohue et fanfare de klaxons. Heureusement que tout ce vacarme cesse après une bonne vingtaine de kilomètres.

Nous prenons donc la direction de Patacamaya, puis de Sajama, village à quelques kilomètres de la frontière Chilienne. Très vite, nous apercevons au loin (très loin !) le sommet du volcan Sajama, le plus haut sommet de Bolivie, à 6542m d’altitude. Puis, plus les jours passent ainsi que les kilomètres (5 jours ; 300 km), la masse imposante de ce magnifique volcan se rapproche.

Les 11 derniers kms pour arriver au village de Sajama se font sur une piste sableuse… Nous ne connaissions pas encore ce type de terrain, nous avons été servis ! 11 km en 2h30 sur du plat… Bref il a fallu pousser le vélo plus d’une fois. Arrivés à Sajama, HS, nous décidons de prendre une journée de « vacance » dès le lendemain.

Et voici comment s’est passée cette journée de repos…



Une baignoire géante rien que pour nous 2, avec une eau thermale chauffée naturellement à 35° (voir plus), et bien sûr, le tout entouré par les plus beaux volcans de Bolivie et du Chili (le Sajama, les pics jumeaus Payachatas, etc)

Le problème c’est qu’à 4000m d’altitude en maillot de bain, on prend vite des couleurs…Oups.

Bref une journée de détente bien méritée avant d’attaquer la route vers la frontière Chilienne. Cette route internationale est appelée ainsi car elle relie les plus grandes villes Bolivienne (La Paz, Oruro, Potosi, Sucre, etc), au port d’Arica au Chili. En effet, un trafic ininterrompu de camions porte-containers fait la liaison entre ce port sur l’océan Pacifique et les villes de Bolivie.

Pour info, la Bolivie n’a plus accès à la mer depuis la guerre de 1879 entre le Chili et la Bolivie. A cette époque, le Chili envahit les cotes Boliviennes. Le commandant Narciso Campero, à la tête de 3000 hommes devait se rendre à Calama pour combattre les Chiliens. Seul problème, le président du moment (Enchilaron Daza) préféra que ces troupes restent sagement où elles étaient pour que puissent avoir lieu le carnaval comme chaque année. La suite : la Bolivie n'a plus de mer. En compensation, le Pérou (son allié) lui donna le petit port de Llo, à 500 km de La Paz. (Sources : Guide Du Routard)



Nous passons donc la frontière Chilienne le 25 septembre, après un contrôle de douane renforcé (comme partout au Chili, les règles agroalimentaires étant très stricte, interdit de pénétrer sur le territoire avec produit d’origine végétale ou animale). Nous dormirons au pied du lac Chungara et du volcan Parinacota avant d’attaquer la piste vers le sud passant au travers les réserves Lauca, Las Vicunas, et du salaar de Surire.




Ces 5 jours coté Chilien, en autonomie complète (déjà il n'y a pas de village mais en plus on a oublié de faire du change à la frontière...donc pas d'argent), auront été une belle expérience. Coté paysages, comme depuis le début de notre voyage, ils sont magnifiques. De plus l'activité volcanique très présente par ici se montre sous forme de bassin remplis d'eau chaude en plein milieu de nul part et accessible à tous, ou bien par des fumerolles s'échappant du volcan Guallatiri.
Sans oublier notre premier salar, le salar de Surire, où une ronde incessante de camion (110 par jour),exploite le sel comme fertilisant pour la terre ou encore pour les cosmétiques. Cependant, nous n'aurons pas le plaisir de poser nos roues dessus.



Coté rencontre, très peu de village sur cette piste, juste les gardes de la CONAF (les gardes parcs) qui nous ont permis de faire le plein d'eau. Et une bonne surprise, pendant une pause, un cyclo nous rattrape, il s'agit de Pedro, l'Espagnol rencontré 3000 km plus au nord dans le canyon del Pato, au Pérou, et avec qui nous avions roulé quelques jours. Quelle coïncidence de se revoir et se raconter nos trajets bien différents, en plein milieu de nulle part. Le monde est petit (en tout cas l'Amérique du sud!).

Le plus intéressant sera coté animaux. La réserve de Las vicunas est destinée à la protection de la Vigogne (traduction de Vicunas), petit lama de la taille d'une biche. Ainsi, nous ne comptons plus le nombre de ces animaux en liberté nous ayant coupé le chemin en courant à toutes jambes. De plus, nous avons eu la chance, d’après les gardes parcs, (sûrement le fait d'être à vélo et de ne pas faire de bruit) d'apercevoir des Nandus, oiseaux de la même famille que les autruches (un peu plus petit que celles-ci). Sans oublier, les viscachas, le lapin des andes, que cette fois nous pourrons approcher... et les flamands roses eux aussi en liberté.



Tout ceci nous fera presque oublier l'état de la piste sur laquelle nous progressons : sable, pierre ou tôle ondulée qui nous secoue comme une bouteille d'Orangina. Sans oublier notre ami le vent que nous ne connaissions pas vraiment jusqu'à présent mais qui souffle avec force tous les après-midi. Au total, 200 km en 5 jours coté Chilien, avant de repasser la frontière et rentrer en Bolivie par les villes de Colchane et Pisiga.

De là, nous prenons la direction du volcan Coipasa, il se trouve au milieu du salar de Coipasa et la ville au pied de ce volcan (notre objectif) se nomme Coipasa ! Ainsi, nous traversons une partie de ce salar (sur 15 km) où le blanc du sel nous éblouit malgré les lunettes.
Au milieu, on distingue un travailleur avec sa brouette et sa pelle, on se dirige vers lui, on échange quelques mots. Il fait des tas de sel que charge ensuite des camions venant d'Oruro. Il vend 6 Bolivianos (Soit environ 65 centimes d'euros) la tonne de sel ! Imaginez le travail surtout dans cet environnement hostile...les mains brûlées par le sel et le soleil, il porte une cagoule ne laissant apparaître que sa bouche et ses yeux. Impressionnant !

Nous dormirons au pied du volcan, les quelques habitants et les militaires présent ici ont joué au foot toute la journée (on est dimanche). Petite anecdote, dans la journée nous sommes passés à coté d'un autre poste militaire, seul 2 hommes sont la, celui que nous interrogeons pour connaître notre chemin ne sait même pas où vont les routes qu'il est censé « surveiller ». De plus, nous l'avons réveillé pendant sa sieste.

Le lendemain, nous attaquons la traversée du nord au sud du salar, c'est magnifique mais très monotone. Au bout de 2h, une voiture avec 4 militaires s'arrête à nos cotés (la seule voiture que nous verrons de la journée) et nous indique le chemin à suivre. Il nous disent, vous restez sur les « traces » et ce soir vers 18/20h vous devriez arriver au village (il est 10h30 du matin)... Connaissant leur précision sur les horaires et km on ne s’inquiète pas trop... Nous aurions du les prendre au sérieux. Nous sommes arrivés à 19h15, de nuit, complètement HS car les traces ont laissées place à des milliers de bosses et de l'eau sur 5 à 10 cm, qui ont mis notre moral et surtout nos fesses à très rude épreuve !
En compensation, nous aurons eu le droit à notre plus beau coucher de soleil... Le soleil donnant des teintes rouges orangées aux nuages dans le bleu nuit du ciel et bien sur le tout se reflétant sur le salar d'un blanc immaculé rempli d'eau.... Arf on va le garder en tête celui la...



Après une bonne nuit de sommeil, on découvre où nous avons planté notre tente, nous sommes à quelques km d'un village où nous nous rendons pour faire quelques provisions. Village fantôme, la plupart des habitants sont des cultivateurs et sont dans les champs pour ramener le quinoa au camionneur avec qui nous discutons.
Lui est chargé de le transporter au Chili pour l'exportation. La petite tienda (boutique) est vraiment petite, on achète le minimum vital, ce que nous avons mangé pendant ces 2 semaines de vélo, pâtes  riz, œuf et gâteaux salés ou sucrés. Pas d'eau en bouteille, on prend l'eau de source et comme par hasard elle a un arrière goût de sel...très désagréable voir quasi imbuvable mais on a que ça... Cela suffira pour rejoindre une plus grande ville 2 jours plus tard.

On sort donc de ce salar de Coipasa par un col de 3 km qui une fois en haut nous offre une vue des plus magnifique sur ce que l'on attendait depuis des mois, LE salar d'Uyuni.
Le plus grand désert de sel au monde avec ses 12500 km² couvre l'équivalent de 2 départements français. Des couches de sel et de glaise se superposent sur des dizaines de mètres d'épaisseur.
Une fois sur le salar, c'est tellement grand que nous ne voyons pas l'ile Incahuasi, au centre, qui est notre destination pour la nuit. La courbure de la terre, nous dira-t'on, nous en empêche. Le salar est dominé au nord par le volcan Tunupa dont le cratère multicolore se laisse admirer de tout les cotés. Nous planterons notre maison sur la place centrale du village de Coqueza, au pied de ce volcan, après avoir pris (enfin) une douche dans un hôtel.



Le 4 octobre, après avoir demandé la direction à suivre, on attaque les 40 kms de salar qui nous sépare de l'ile IncaHuasi, autrement appelée l'ile au cactus. Nous y serons rapidement malgré les bosselettes et une séance photo.





Nous mangerons au milieu des 4x4, quelques personnes viendront nous parler. Nous visiterons l'île et nous poserons dans le refuge en pierre ou un lit est posé au milieu de la pièce, face à une grande baie vitrée donnant sur le salar. Nous verrons 5 cyclos dont 4 iront dormir sur le salar et l'autre restera avec nous puisqu'il va aussi à Uyuni. (Jorn, un allemand d'une cinquantaine d'année, en voyage à vélo pour 8 semaines de Cusco à Antofagasta sur la cote Chilienne).


Pour notre dernier jour, on s'attendait à une dure journée puisque 80 km séparent l'ile de la cote est du salar, sauf que le sel était tellement lisse qu'on se serait cru sur une autoroute. Les kilomètres filent et défilent en compagnie de Jorn avec qui nous ferons le trajet jusqu'à Uyuni. A 13h, les 80 km sont avalés. Il ne nous restera que 20 km l'après midi pour atteindre notre objectif. Sauf que cette fois, l'autoroute est remplacée par la tôle ondulée et le sable. Ces 20 km seront éprouvant mais quelle bonne surprise en cherchant un hôtel que de tomber sur Sam et Hélène en train de discuter avec un couple de cyclos en tandem ! Le soir, nous nous retrouverons tous au resto devant une bonne pizza bien méritée.

Au total, 911 km en 18 jours avec 300 d'asphalte, le reste de piste. Nous sommes un peu fatigués et prenons donc une semaine pour aller visiter en bus les villes de Sucre et Potosi, avant de revenir à Uyuni pour continuer vers le sud.

Nous étions pressés après ces 2 semaines et demi d'avoir de vos nouvelles, et quel bonheur de lire tous vos commentaires qui nous font encore une fois vraiment plaisir... Merci et à bientôt !
Notre séance photo .... sans trucages... :