mardi 16 octobre 2012

Potosi - Sucre

La semaine du 8 au 14 octobre, nous sommes allés visiter, en bus, les villes de Potosi et de Sucre (prononcez Soucré). 

La ville de Potosi est une cité coloniale classée au patrimoine mondial de l’UNESCO (située à 4090 m d’altitude et avec 145 000 habitants, c’est la ville de plus de 100 000 hab la plus haute du monde). La ville s’est développée à partir de 1545 (époque coloniale) lorsqu’un indien de l’Altiplano révéla à un conquistador Espagnol l’existence du Sumac Orcko (en quechua : la plus belle montagne). Et cette montagne, que les Espagnols nommèrent plus tard le « Cerro Rico » (montagne riche), fut une des mines d’argent les plus fabuleuse de tous les temps (il y aurait eu tellement d’argent extrait qu’une route à 2 voies jusqu’à Madrid aurait pu être pavée d’argent ! L’équivalent de 50 milliards de dollars !). 

Le "Cerro rico" - Potosi
Cette cité fut donc au cœur de l’enrichissement de l’Espagne coloniale, à tel point que le roi Charles Quint (roi d’Espagne en 1550) éleva la ville de Potosi au rang de ville impériale (la seule d’Amérique Latine) et lui donna pour devise : « Je suis la riche Potosi, le trésor du monde, la reine des montagnes et la convoitise des rois ». 

Cependant, nous ne parlons ici que des « bons » cotés mais à l’époque (et encore aujourd’hui !) les conditions de travail des mineurs étaient épouvantable. On parlait à l’époque de la « mita » (travail forcé et gratuit, autrement dit l’esclavage). 6 millions de personnes (indiens Aymaras, Quechuas et Africains) sont mort dans cette mine ! Un vrai génocide. Tous les ans des dizaines de milliers de mineurs mourraient d’épuisement, d’empoisonnement par le mercure qui servait au traitement de l’argent, ou encore par les maladies que les conquistadors ont ramené avec eux. Cela a duré 3 siècles. Au début du 19ème siècle, les filons d’argent se sont épuisés. 

Préparation de la dynamite...

Mineurs poussant un wagon de 1.5 tonne
ça ne passe pas !!
 














Il en reste encore puisque aujourd’hui, 15 000 mineurs travaillent dans les mines. Cependant le régime de travail n’est plus le même. Pour faire simple, les mineurs sont organisés en coopérative et travaillent pour eux. Le rendement étant très faible, ils s’exploitent eux même. De plus, pas de couverture sociale, ils doivent payer eux même le carbure de calcium pour faire fonctionner leur lampe et la dynamite pour faire sauter les veines de minerai. Sans parler des conditions de travail qui sont toujours aussi dur et dangereuse. Leur espérance de vie est de 45 ans ! Beaucoup meurent de silicose ou d’accident dûs aux explosions. Ainsi, les mineurs font des offrandes (alcool, cigarettes, feuilles de coca) à un dieu : El Tio qui est leur protecteur. 

Nous avons donc été visiter ces mines, enfin, une mine puisque il y a plus de 120 entrées. Celle dans laquelle nous sommes rentrés date de la colonisation. 


Notre mine s'appele Rosario, date de 1936, et est à 4303m d'alt













Chaque mine porte un nom, dans chaque mine, plusieurs centaines de galeries partent à droite ou à gauche et il peut y avoir jusqu’à 17 niveaux (soit 450 m de profondeur). Nous progressons parfois accroupis puisque seul le passage pour un wagon est nécessaire. Par moments, les étais sont effondrés. Nous verrons des mineurs remplissant des sacs (fait en pneus) de minerais et les remontant à la surface grâce à un treuil, d’autres poussant un wagon de minerai (pesant de 1 à 2 tonnes), d’autres creusant. Nous aurons même droit à l’explosion de dynamite. 12 coups successifs qui font vibrer la roche dans un bruit assourdissant. Vraiment impressionnant. 


Avant de rentrer dans la mine, nous étions priés d’acheter quelque chose pour les mineurs (feuilles de coca, eau, dynamite, etc). Nous leur avons donc donné cela à l’intérieur. Il faut savoir que les mineurs ne consomment que des feuilles de coca pendant le travail (pas de nourriture), ils l’utilisent comme coupe faim. Bref, nous avons été impressionnés par cette visite, nous nous serions crus dans un film. Nous ne nous plaignerons pas de notre travail plus tard après avoir vu cela… Content de sortir après ces 2 heures sous terre. 

Pour en finir avec Potosi, nous avons aussi visité la « casa de la moneda » (maison de la monnaie). Ancien bâtiment où étaient frappées les pièces d’argent à l’époque coloniale. Ainsi, grande collection de monnaies, de machines servant à écraser les lingots d’argent, frapper les pièces, etc. Le tout soit en bois actionnée par les ânes, soit en métal à vapeur ou encore électriques suivant les époques. Nous verrons aussi une fonderie, une galerie exposant différents minéraux de toute la Bolivie, et une salle avec différents objets en argent (vases, ustensiles de cuisine, christ, miroir, etc). Pour info, aujourd’hui, les billets de 10 et de 50 Bolivianos sont imprimés à coté de Rennes. 

Nous prenons aussi le temps d'observer les gens et leur travail soit en s'asseyant sur la place centrale, soit en déambulant dans les allées des nombreux marchés.
Aiguiseur de couteaux

Qui veut un jus d'orange bien frais ?



















Nous nous sommes ensuite dirigés vers la vile de Sucre qui est la vraie capitale de Bolivie. En effet, dans un article précédent, nous avions dit que La Paz était la capitale, ce n’est pas tout à fait exact. Explication : Sucre est la capitale constitutionnelle du pays mais tout le pouvoir politique (parlement, palais présidentiel, ambassades, etc) se trouve à La Paz, ce qui fait que beaucoup considèrent La Paz comme capitale. Et la ville de Santa Cruz (à l’est) est la capitale économique… Bref… 

Sucre, classée à l’UNESCO, porte le nom du maréchal Sucre qui gagna la bataille d’Ayacucho contre les Espagnols lors de la libération de la Bolivie et du Pérou. Elle est aussi appelée la cité blanche en référence à ces nombreux bâtiments de cette couleur ou encore « ciudad de la plata » (ville de l’argent) car elle s’est développée grâce à l’argent de Potosi. 

Parc Bolivar


Jolie ville animée par ses nombreux étudiants, avec une place centrale parsemée d’arbres centenaires, des parcs dont un abritant une réplique miniature de la Tour Eiffel, nombreuses églises (l’art baroque s’est exprimé énormément dans cette ville) et bâtiments coloniaux. Beaucoup de musées aussi mais nous arrivons à saturation, notre choix s’est donc juste porté sur le musée expliquant l’histoire de la Bolivie, la lutte pour l’indépendance de Simon Bolivar (d’où le nom Bolivie), du maréchal Sucre ( d’où le nom de la capitale) et de la Jeanne d’arc Bolivienne, Dona Juana, qui dirigea un bataillon lors de la guerre d’indépendance. 

L’hôtel où nous étions, était rempli de gringos, du coup quelques rencontres sympas le temps de boire un verre. 
 
Nous sommes retournés le samedi 13, à Uyuni pour récupérer nos vélos et reprendre la route, enfin la piste, vers le Chili. Nous sommes partis le lundi 15 vers la région sud de la Bolivie. Cette région se nomme le sud-Lipez, ce devrait être une des parties les plus belles du voyage mais des plus durs aussi. En effet, 400 km de piste en autonomie quasi complète (sauf pour l’eau). Environ 10/12 jours avant de rejoindre San Pedro de Atacama au Chili. Donc pas de nouvelles avant plusieurs jours… 


PS : On nous a demandé quelle température nous avions eu les jours derniers... L'amplitude de température entre le jour et la nuit est assez importante. Dans la journée nous avions en moyenne entre 20 et 25°C et la nuit nous pensons être descendu jusqu'à -5°C. Ainsi, nous dormions avec les bouteilles d'eau dans la chambre car tout était gelé le matin. 

Autre info, le prix des bus est très bon marché ici en Bolivie, par exemple nous avons payé l'équivalent de 5€ le trajet Uyuni-Sucre, de 400 km. 

4 commentaires:

  1. Merci à tous les deux de cette leçon d'Histoire, d'Economie, de Géographie et surtout de ces tranches de vie si particulières dans ces deux villes.
    Nous ne sortirons pas de ce voyage en Amérique du Sud totalement indemnes, et c'est tant mieux !
    Je vous embrasse

    RépondreSupprimer
  2. Coucou les loulous :)
    C'est vraiment appréciable le temps que vous avez pris pour raconter toute cette histoire des mineurs! Vous vivez vraiment une expérience magique ! ça doit être trés impressionnant les mines quand même et les mineurs m'aurait fait pitié je pense !:) Bon allez gros bisous et à bientot !:)

    RépondreSupprimer
  3. AAAAhhhh prochaine étape, désert d'atacama?

    Bonne route et faites attention

    RépondreSupprimer
  4. Un voyage dans l'histoire du pays, beaucoup d'infos, on en apprend autant qu'en regardant un documentaire télé ! et en plus avec vous dans les rôles principaux ! Bisousss de Mamounette !

    RépondreSupprimer